Provence ou Corse ? Fruité ou sec ? Avec ou sans glaçons ? Le vin rosé s’est fait une place de choix sur la table des Français. Il est davantage consommé en été, mais il semble également être devenu incontournable tout au long de l’année. Tant et si bien que la France reste et de loin le premier consommateur mondial.
Quelques chiffres :
- la consommation du rosé a triplé en 25 ans
- Aujourd’hui, 1 bouteille sur 3 vendues est une bouteille de rosé
- 23.6 millions d’hectolitres ont été consommé en France en 2019 représentant 34% de la consommation mondial !
- En 2022 les vins de Provence ont exporté 62 millions de bouteilles de rosé
Plusieurs explications à ce phénomène.
D’un point de vue conjoncturel :
- Post COVID, la recherche des moments de partage et de convivialité a naturellement poussé les consommateurs vers le rosé, traditionnellement associé au partage, à la communion amicale et familiale.
D’un point de vue structurel :
- Le réchauffement climatique qui dans certaines régions françaises apporte une douceur des températures depuis le mois de mars parfois jusqu’au mois de novembre.
- Une évolution des habitudes de consommation. On cherche du léger, du rafraichissant, du fruité, en clair du facile à boire. Dans ce cadre, le rosé s’inscrit comme « un vin du vivant, pas du sachant ». Pas besoin d’être un grand connaisseur, d’avoir un vocabulaire technique pour l’apprécier.
- L’évolution des tendances gastronomiques a également joué un rôle dans l’essor du vin rosé. La cuisine contemporaine met l’accent sur les plats frais, légers et savoureux, ce qui se marie parfaitement avec le caractère du vin rosé.
- On le met en scène, la communication est souvent faite sur les endroits idéaux pour boire un verre, on l’associe à la fête et c’est presque devenu un objet de décoration sur la table. Pour preuve, les magnums et jéroboam de certaines grandes marques qui trônent dans tous les endroits « branchés » que l’on peut voir sur les réseaux sociaux.
C’est également devenu un véritable enjeu économique.
Face à la demande croissante, de nombreux vignerons ont adapté leur production pour répondre au marché. Ils ont développé de nouvelles techniques de vinification et planté davantage de cépages adaptés à la production de vins rosés.
Comme pour le reste du monde viticole, pour faire face à la concurrence mondiale et se démarquer, la montée en gamme s’est avérée nécessaire, en commençant par la qualité des vins.
Elle s’est évidemment accompagnée d’une montée spectaculaire des prix et d’un revirement stratégique des grandes marques, faisant du rosé dans certains cas, un véritable produit de luxe voire même un marqueur social.
Les grands groupes de l’agroalimentaire, du luxe voire les stars en manque d’idées d’investissements ne s’y sont pas trompé…
… Entre le Château Minuty racheté par LVMH, Le château Miraval, propriété de Brad Pitt et Angelina Jolie (estimé à env 200 M d’€), le Château d’Estoublon (dans lequel le couple Bruni-Sarkosy a investi) et une multitudes d’autres exemples, le « celebrity marketing » autour du rosé semble faire recette.
Cet engouement pour le rosé, qui semble s’apparenter depuis quelques années à un phénomène de mode s’inscrira t’il durablement dans le temps ou comme bon nombre de phénomènes du même type va-t-il passer et s’étioler ?
A l’heure actuelle impossible de répondre à cette question mais ce qui est certain c’est qu’à ce jour, à défaut d’être le vin des rois, le rosé est en passe de devenir le roi des vins !
