La récente victoire de Céline Boutier à l’Evian Championship, seul tournoi majeur D’Europe continental, a sans aucun doute marqué un moment d’histoire pour le golf français.
La question est de savoir si cette performance exceptionnelle va marquer un tournant pour l’avenir du golf professionnel de notre pays.
Céline Boutier sera t’elle le déclencheur tant attendu pour qu’enfin on puisse avoir, à l’avenir, des golfeuses et des golfeurs français au sein du gotha mondial ?
Rien n’est moins sûr !
Certes cette prestigieuse victoire arrive à point nommé à un an des jeux olympiques, tant par son impact sur la visibilité du golf que par les éventuelles vocations qu’elle pourrait avoir suscité au sein des jeunes générations.
En accédant au 4e rang mondial la golfeuse française pourrait également être un modèle inspirant pour l’ensemble des professionnel.le.s tricolores évoluant sur les différents circuits.
Car au-delà du talent (dont elle-même dit être dépourvu !) c’est par son professionnalisme, son exigence, son travail acharné et les sacrifices qu’elle a consenti (faculté puis expatriation aux US…) qu’elle a pu soulever un trophée que nous, passionné.es de golf, attendions depuis des décennies.
Cependant dans un pays ou le golf pâti d’une popularité particulièrement limitée ou est même considéré par une frange extrèmiste de la population comme une hérésie, il semble utopique de croire qu’une victoire, aussi prestigieuse soit elle, serait synonyme d’avenir radieux.
Les chiffres parlent d’eux-mêmes :
- USA : 11% de la population joue au golf
- Royaume Uni : 11% de la population joue au golf
- France : 0.7% de la population joue au golf !!!
On part donc de très loin !
Pourtant les talents ne manquent pas mais les infrastructures probablement.
Cela explique notamment les résultats pour le moins erratiques du golf français jusqu’à aujourd’hui et la présence fugace de nos représentant.es dans les tops 100 mondiaux !
La logique est implacable, pas de popularité … pas de moyen … pas de moyen …. pas de résultat !
Mais revenons à notre question initiale : « le déclic pour le golf français ? »
- OUI (peut-être) – si l’engouement suscité et les Jeux Olympiques poussent à une mobilisation des institutions, de la fédération, des clubs et des différents groupes afin de structurer le golf. Mais pas seulement. Il faut également une prise de conscience qu’avant d’arriver là où elle est, notre championne a dû suivre un « cursus » hors du pays ! Comme si la France n’était pas en mesure de faire grandir, en son sein, ses propres talents. La clé étant de créer la concurrence qui génère l’émulation indispensable à toute progression. Or la tendance est plutôt à choyer et préserver les meilleur.es…ce qui étouffe dans l’œuf tout esprit de compétition !
- NON – si la victoire de Céline reste un épiphénomène et si on se contente, comme souvent, de s’auto-congratuler sans chercher à tirer les leçons de ses succès, qui ne doivent rien au hasard.
Les victoires de Céline Boutier, nouvelle numéro 3 mondial (après son succès au Scottish Open) et « pensionnaire » de l’équipe européenne de Solheim Cup (équivalent féminin de la Ryder Cup) sont un véritable coup de tonnerre pour le golf et plus globalement pour le sport français.
Une bouffée d’oxygène qui ne doit pas occulter la faiblesse structurelle du golf français de haut niveau.
Trêve de pessimisme, réjouissons-nous et tentons de voir le verre à moitié plein.
Le golf hexagonal est peut-être sur le point de connaître une nouvelle ère … si tous les acteurs s’accordent pour surfer sur cette vague ensemble !!!
