Vous êtes invité pour dîner chez des amis… dont vous connaissez l’engagement pour le développement durable, la biodiversité …
Vous voulez apporter une bouteille de vin en rapport avec leurs convictions, mais entre vins bio biodynamiques et natures vous vous sentez perdu.
Comment s’y retrouver ?
C’est à la fois simple et compliqué.
Le bio c’est quoi ?
L’agriculture biologique est un mode de production agricole encadré par une réglementation européenne.
Il s’agit donc d’un signe officiel de qualité au même titre que l’Appellation d’Origine Protégée (AOP).
L’agriculture biologique relève donc de l’INAO (Institut national de l’origine et de la qualité).
Produire bio implique donc un cahier des charges et des règles qui s’appliquent bien évidemment à la viticulture. Depuis le 1 août 2012, les règles de production bio s’appliquent pour la culture de la vigne ET la vinification (seul le raisin était concerné jusqu’alors). On peut donc désormais parler de vin biologique et apposer sur les contenants les logos AB (facultatif) et européen (obligatoire).
La production de raisins bio exige donc :
- une période de conversion de 3 ans
- l’utilisation exclusive de substances naturelles indispensables à la protection du vignoble (cuivre, souffre, extraits végétaux et minéraux). Les doses utilisables étant strictement limitées et contrôlées chaque année
- l’utilisation d’engrais vert de compost végétaux et/ou animaux
- d’entretenir et d’améliorer la fertilité des sols par des travaux mécaniques sans utilisation de désherbant chimique
Dans la même veine, la vinification Bio a également ses exigences et ses règles issues du « credo » suivant : « Vinifier dans le respect de la véritable nature du produit ».
Ce qui implique :
- l’utilisation d’ingrédients agricoles 100% bio et de certains intrants (organismes vivants ou éléments d’origine biologique) Bio, s’ils sont disponibles (il en existe environ 80 !)
- Des restrictions ou interdictions sur l’utilisation de certains procédés physiques
- une liste restreinte d’additifs et auxiliaires œnologiques strictement nécessaire à la qualité des vins bio (ex : interdiction du sorbate et de PVPP (colle de synthèse))
- des doses de soufre (SO²) limitées faisant l’objet d’analyses systématiques (en gros les doses autorisées sont entre 30 et 50 mg/l inférieures aux vins dit « conventionnels »)
Mais comment reconnaître/identifier un vin bio ?
À ce jour il existe 2 labels officiels :
- le label bio européen et son logo vert en forme de feuille
- le label agriculture biologique (AB)
Il existe également d’autres labels, « non-officiels » créé par des acteurs estimant que les normes européennes ne vont pas assez loin dans la démarche :
- Nature et progrès : premier label bio créé en France en 1964 dont le cahier des charges est plus exigeant, notamment quant à la dose de soufre utilisée
- Bio cohérence : label privé créé par une communauté de producteurs estimant, également, que le cahier des charges AB n’est pas assez strict
A noter : il existe aujourd’hui 6 organismes certificateurs qui contrôlent le respect des normes. Le plus connu d’entre eux étant ECOCERT.
Avoir une approche Bio c’est bien, mais pour certains ça n’est pas suffisant. Il faut aller plus loin dans la démarche en ayant une vision plus globale, c’est ce que prône la biodynamie.
La biodynamie c’est quoi ?
C’est avant tout un concept qui considère la terre cultivable comme un être vivant en évolution. L’agriculture biodynamique tend à garantir la santé du sol et des plantes pour procurer une alimentation saine aux animaux et aux hommes. Cette « philosophie » a vu le jour dans les années 1920, sous l’impulsion d’un philosophe autrichien (Rudolph Steiner). Préoccupé par l’arrivée des engrais chimiques, résultat de l’évolution productiviste de l’agriculture, il édicta alors 3 grands principes qui aujourd’hui encore régissent l’agriculture biodynamique :
- 1/ L’exploitation agricole tout comme le jardin particulier doit être considéré comme une seule et même entité en évolution dont les besoins sont à connaître
- 2/ La fertilisation des sols doit être assurée à partir de préparations biodynamiques (sans produit chimique dangereux). On applique donc le principe du recyclage des déchets et la valorisation du cycle de la vie
- 3/ une attention particulière est apportée au rythme des saisons de la nature et à l’influence des astres (soleil, lune, planètes…). L’astrologie s’invite donc dans l’agriculture donnant à la biodynamie une dimension « ésotérique » !
En 2022 près de 15000 hectares de culture sont certifiés en biodynamie en France représentant environ 6% des surfaces agricoles. C’est peu mais peut s’expliquer par le surcroît de contraintes qu’impose cette approche. La filière viticole compose les 2/3 de cette surface. Appliqués à la viticulture, les principes de la Biodynamie impliquent :
- à la vigne – aucun produit chimique de synthèse, utilisation de préparation à base de plantes pour dynamiser les sols et surtout protéger d’éventuelles maladies. Suivi scrupuleux du calendrier lunaire
- à la cave – nombre d’intrants très limités et utilisation restreinte des sulfites (vin rouge 60 mg/l, vin blanc 90 mg/l)
